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Un autre visage de Guantanamo dans l'expo "Welcome to camp America"

Affiche de l'exposition "Welcome to Camp America". [CPG - Debi Cornwall]
Arts visuels: Welcome Guantanamo / Vertigo / 5 min. / le 16 mars 2017
La photographe américaine Debi Cornwall présente au Centre de la photographie de Genève un travail autour de Guantanamo, le centre de détention militaire américain le plus controversé du monde, planté au sud-est de Cuba.

Créée le 11 janvier 2002 au lendemain des attentats du World Trade Center, la prison américaine de Guantanamo, située sur l'île de Cuba, est connue pour les actes de torture qui s'y déroulent. Une prison où croupissent nombre d'innocents, des détenus capturés par l'armée américaine lors de différentes opérations qu'elle mène à l'étranger contre des militants et terroristes islamistes. Des détenus qui ne sont pas jugés.

Debi Cornwall a photographié ce que l'on peut voir lors de la visite guidée (très guidée) de Guantanamo, c'est-à-dire les zones de détente des militaires gardiens, apparemment très heureux d'être là, avec la mer tout autour et le soleil tous les jours.

"Smoke Break, Camp America, 2015", une photo de l'exposition "Welcome to Camp America". [CPG - Debi Cornwall]

"Montrez-moi le fun de cet endroit…"

Sur les photographies de l'Américaine, on peut voir notamment une piscine sur laquelle flotte une sorte de tortue géante en plastique qui sourit bêtement, un terrain de jeux pour enfants sans enfants, un cube grillagé avec vue sur la mer appelé recreation pen, une cellule non habitée avec au sol, un tapis de prière musulman tourné en direction de la Mecque.

Guantanamo a aussi sa boutique de souvenirs, où l'on peut acheter des T-shirt avec l'inscription "i love guantanamo bay".

De la prison au parc d'attractions

On n'entre pas à Guantanamo comme on entrerait à Disneyland. Les images prises par Debi Cornwall montrent cependant que, comme à Disneyland, l'industrie de l'entertainment a infusé ses codes jusqu'à Guantanamo.

Guantanamo, c'est notre honte américaine qui était cachée de nos consciences. C'est un cauchemar national. C'est un carnaval sombre qui obscurcit la réalité de nos actions.

Debi Cornwall, photographe

En Europe on n'échappe pas à ce cynisme consommé, et cela va même plus loin. En France, le camp des réfugiés de Calais vient d'être rasé, et la municipalité a décidé de construire sur cet emplacement un parc d'attractions qui répondra au doux nom de Heroicland.

Florence Grivel/ld

"Welcome to camp America", un travail photo proposé au Centre de la Photographie Genève, et dans le cadre du FIFDH, jusqu'au 14 mai.

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