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L'industrie textile suisse doit s'adapter pour continuer à exister

Nuisettes et dessous chics
Nuisettes et dessous chics / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 10 min. / le 27 février 2017
Les produits de la marque textile suisse Calida sont désormais "Designed in Switzerland", soit conçus en Suisse, mais il ne sont plus fabriqués dans notre pays. Une situation à l'image des difficultés de la branche.

"Les produits de Calida sont fabriqués à 95% dans notre usine en Hongrie, on ne produit plus rien en Suisse", indique dans l'émission de la RTS TTC Andreas Lindemann, le directeur de la marque, tout en ajoutant que "le processus de certification de la qualité répond aux critères helvétiques". Pour lui, "Calida reste un produit suisse, avec la plus grande partie de la valeur ajoutée en Suisse, à Sursee".

La marque a échappé à la disparition il y a quinze ans en délocalisant la totalité de sa production. Une mesure qui ne l'a pas empêchée de voir ses ventes reculer de 12% en 2015.

S'adapter pour survivre

Face aux difficultés notamment imposées par le franc fort, les entreprises suisses misent sur la haute technologie et le haut de gamme.

"C'est une illusion de croire que l'on peut encore produire aujourd'hui des vêtements de A à Z en Suisse", indique Peter Flückiger, le directeur de Swiss Textiles. Le salut passe par des produits de niches novateurs, comme ce gazon artificiel qui ne brûle pas les genoux quand on tombe.

"C'est une vraie innovation, développée en Suisse, fabriquée en Appenzell et distribuée sur tous les continents", explique Peter Flückiger. Des tissus spéciaux utilisés en médecine ou comme filtre dans l'industrie automobile figurent aussi parmi ces nouveaux produits.

Haut de gamme

Pour conserver une usine en Suisse, à Mendrisio, au Tessin, l'entreprise Zimmerli a elle choisi le haut de gamme. Cinquante-cinq couturières produisent des sous-vêtements en coton. Elles viennent presque toutes d’Italie, la frontière n'étant qu'à trois kilomètres de l'usine.

Ces ouvrières gagnent 3400 francs par mois, soit 50 fois plus qu'au Bangladesh, où de nombreuses marques textiles ont installé leurs usines. Mais du coup, un simple maillot de corps "Made in Switzerland" peut coûter jusqu'à 150 francs.

>> Plus de développement dans TTC vers 20h10

Serge Enderlin/cab

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Une branche économique en difficulté

L'association Swiss Textiles regroupe 200 entreprises qui exportent 80% de leurs produits. Et parmi les 63'000 employés de la branche, 50'000 travaillent à l'étranger. 

Le franc fort a handicapé les affaires de la branche en 2015. Les exportations de textiles se sont contractées de 10,9% à 1,1 milliard de francs, tandis que celles de vêtements ont perdu 8,9%, à 727 millions.

Près d'un membre sur dix de Swiss Textiles a dû avoir recours au chômage partiel, réduire ses effectifs ou délocaliser partiellement.

Plus de filature de coton en Suisse

La dernière filature de coton de Suisse a annoncé sa fermeture en juin 2016, laissant 139 employés sans travail.

Le conseil d'administration et la direction de l'entreprise Hermann Bühler AG, basée à Winterthour (ZH), ne voyaient aucune possibilité de poursuivre ses activités de filature dans le pays.

"La baisse des ventes en raison d'une base de clientèle en repli en Europe, la concurrence croissante des pays à bas salaires et la massive surévaluation du franc depuis plusieurs années ont rendu l'exploitation d'une filature extrêmement compliquée en Suisse", avait expliqué l'entreprise.