La nouvelle pièce du metteur en scène bernois revisite de manière grinçante le classique théâtral du jeu des genres: son personnage, Frau Schmitz, se retrouve déguisée en homme à défendre la délocalisation de son entreprise au Pakistan.
Elle pointe ainsi du doigt la robotisation, la disparition du travail et les années de révolution sociale qui attendent notre monde moderne, avec les jeux de pouvoir en toile de fond.
"C'est toujours un combat. Nous ne sommes pas la première génération qui doit faire face au défi de dire dans quelle société on veut vivre", a estimé Lukas Bärfuss mardi dans le Journal du matin de la RTS.
Et selon l'auteur, la transformation éternelle que nous demande le capitalisme néo-libéral fait le lit du populisme.
Folklore rassurant
Lukas Bärfuss refuse toutefois de jouer la carte du pessimisme et se retrouve à défendre une Suisse qu'il avait plutôt prévu de critiquer, lui qui avait déclaré en 2015 que les Suisses avaient tendance "à s'oublier dans le folklore" au lieu d'affronter les "vrais" défis politiques.
Il y a quelque chose de séduisant dans le folklore. On n'a pas besoin d'en expliquer les règles.
"Il y a quelque chose de séduisant dans le folklore. On n'a pas besoin d'en expliquer les règles. Par exemple la lutte suisse, chacun la comprend. Les choses faciles sont très attirantes, dans un monde devenu compliqué", a-t-il nuancé dans un entretien à la RTS.
Une identité en mouvement
Pour lui, "l'identité suisse n'existe pas, elle est à construire". Il y voit une "bataille des cultures", qui, sans être fixée, peut intégrer différents éléments: "la science, l'immigration, l'asile, ou encore la littérature peuvent faire partie de cette identité", énumère-t-il.
Dans l'identité culturelle, il y a des choses qui ne fonctionnent plus. Par exemple l'idée d'un territoire avec des frontières.
"Je me sens obligé aujourd'hui de défendre la Constitution. Pas les valeurs, mais les droits qui sont écrits là-dedans: un contrat entre un Etat et les individus. Lorsqu'une nation n'est plus capable de faire sa part de ce contrat, il faut penser à autre chose", détaille-t-il.
A quels dysfonctionnements pense-t-il? "Dans l'identité culturelle, il y a des choses qui ne fonctionnent plus. Par exemple l'idée d'un territoire avec des frontières".
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jvia