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Un lanceur d'alerte refuse sa prime et critique les autorités américaines

Le donneur d'alerte travaillait à la Deutsche Bank. [Brendan McDermid]
Un lanceur d’alerte allemand refuse huit millions de dollars de récompense / Le 12h30 / 2 min. / le 19 août 2016
Un ancien cadre de Deutsche Bank qui avait dénoncé des manipulations comptables au sein de la banque refuse la récompense de 8 millions de dollars qui lui était promise, révèle le Financial Times.

Grâce aux indications de trois anciens employés, le gendarme américain des marchés financier, la SEC, a infligé en mai 2015 une amende de 55 millions de dollars à Deutsche Bank, sanctionnant diverses violations réglementaires commises entre 2010 et 2011.

La SEC a alors activé un programme spécifique de récompense des "whistleblowers" mis sur pied en 2011, qui leur accorde entre 10% et 30% de l'amende. Dans le cas de Deutsche Bank, deux lanceurs d'alerte sur trois remplissent les critères pour en bénéficier.

Le premier a accepté sa récompense, mais pas le second, qui devait recevoir plus de 8 millions de dollars. Celui-ci explique les raisons de son geste dans une lettre publiée vendredi par le Financial Times.

Les vrais coupables pas sanctionnés?

Il estime que sa récompense devrait être versée à la banque et à ses actionnaires, qui sont les "premières victimes". Pour lui, les vrais coupables sont les patrons de l'époque, qui ont tous quitté leur poste. Il faudrait retirer la somme équivalente des bonus qu'ils ont touchés.

"Les dirigeants sont partis en retraite avec des bonus de plusieurs millions de dollars basés sur la manipulation du bilan de la banque" souligne l'ancien analyste de la banque, qui exprime sa "déception" face à la décision de la SEC.

Le principe des "portes tournantes"

Le "whistleblower" critique le travail des autorités américaines. Celles-ci n'ont pas sanctionné - ou pas voulu sanctionner - les dirigeants de Deutsche Bank, se contentant d'infliger une amende à la banque.

Or, juge-t-il, ce sont les patrons eux-mêmes qui auraient dû s'acquitter de cette somme. Et si ces dirigeants n'ont pas été punis, c'est selon lui grâce au principe des "portes tournantes", qui voit d'anciens membres d'instances de régulation passer dans le secteur privé.

Sanctionner des firmes plutôt que des individus

Ces "portes tournantes" expliquent pourquoi le gendarme des marchés financiers aurait tendance à sanctionner les firmes plutôt que les individus, ajoute le lanceur d'alerte, qui relève que cette pratique fonctionne beaucoup entre la SEC et Deutsche Bank.

Selon une récente enquête du Wall Street Journal portant sur 156 actions ouvertes par les diverses autorités de régulation américaine, seule une sur cinq sanctionne les dirigeants.

Olivier Schorderet/dk

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