La montée de Blocher

Christoph Blocher est devenu le chef de l'opposition à l'Europe.
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26 novembre 1992

TJ midi

La campagne contre l'adhésion à l'Espace Economique Européen aura permis à Christoph Blocher d'assurer son emprise sur l'UDC, à travers l'ASIN qu'il préside (Association pour une Suisse indépendante et neutre).

Incontestablement, la victoire du non est sa victoire et fournit à l'industriel zurichois un marche-pied vers une carrière politique qui sera couronnée, en 2003, par son accession au Conseil fédéral puis, en 2007, par un score historique de son parti aux élections fédérales.

Comme le relève judicieusement le commentaire de la journaliste Romaine Jean, «on n'a pas fini d'entendre parler de Christoph Blocher…»

La votation du 6 décembre 1992 pour l'entrée de la Suisse dans l'Espace Economique Européen est refusée par une faible majorité de la population (50,3%) et par les cantons. Tous les cantons alémaniques, à l'exception de Bâle, ainsi que le Tessin se retrouvent dans le camp du non. La participation exceptionnelle s'est élevée à 78,3%.

Le Conseil fédéral, le Parlement, les principales organisations économiques et sociales du pays ainsi que la presse sont désavoués. La politique de la Confédération envers l'Union européenne doit être revue. La demande d'adhésion de la Suisse à l'Europe, déposée le 25 mai 1992, est «gelée» tandis que notre pays choisit de privilégier les accords bilatéraux.

La division entre les régions linguistiques apparaît nettement lors de cette votation. Il en va de même pour l'opposition entre villes, pro-européennes, et campagne. C'est un courant nationaliste et isolationniste, entraîné par le zurichois Christoph Blocher, qui prend le pas sur la volonté d'ouverture prônée par les instances politiques et économiques du pays.

Les deux conseillers fédéraux romands, le radical Jean-Pascal Delamuraz, chef du département de l'Economie, et le socialiste René Felber, chef du Département des Affaires étrangères, se sont fortement impliqués dans la campagne et ont pesé sur la politique européenne du gouvernement.

Christoph Blocher est né le 11 octobre 1940 à Schaffhouse. Il a d'abord fait un apprentissage dans l'agriculture, avant de commencer des études universitaires à Zurich, Montpellier et Paris. En 1969, il obtient une licence en droit. Il est engagé dans la division juridique d'EMS-Chemie, dont il deviendra l'actionnaire majoritaire.

Durant ses études, Christoph Blocher s'engage politiquement. A l'Université de Zurich, il est l'un des fondateurs du groupe d'étudiants de droite «Studentenring». Par la suite, il a été conseiller communal de Meilen et conseiller cantonal de Zurich. En outre, il est président de l'UDC zurichoise et de l'ASIN (Action pour une Suisse indépendante et neutre). De 1979 à 2003, il a siégé au Conseil national. Son ascension politique commence avec sa victoire lors du refus populaire de l'adhésion de la Suisse à l'Espace Economique Européen (EEE) le 6 décembre 1992.

Elu le 10 décembre 2003 pour représenter l'Union démocratique du centre (UDC) au Conseil fédéral, il dirige le Département fédéral de justice et police dès le 1er janvier 2004. Il n'est pas réélu au Conseil fédéral le 12 décembre 2007.

Christoph Blocher est vice-président de l'UDC Suisse depuis le 1er mars 2008. Il se lance à nouveau dans la course pour les élections fédérales de 2011, en briguant à la fois un siège au Conseil national et au Conseil des Etats. Il échoue à la Chambre haute mais est réélu au Conseil national.