Le tribunal Russell

Sartre préside un tribunal contre les crimes américains au Vietnam. [RTS]
  • Justice et Faits divers
  • Vidéo 9 min.

9 février 1967

Point

En février 1967, Jean-Paul Sartre répond à une interview conduite par le journaliste de la TSR, Claude Torracinta sur la valeur du «tribunal» que plusieurs personnalités d'envergure ont lancé pour dénoncer les crimes américains aux Vietnam.

Reprenant une initiative du philosophe et mathématicien Bertrand Russell, Jean-Paul Sartre anticipe, en quelque sorte avec ce tribunal informel, les bases intellectuelles de ce qui sera plus tard le Tribunal pénal international.

Dans sa biographie de Jean-Paul Sartre, Denis Bertholet évoque cet épisode de l'engagement du philosophe et son refus, dans un premier temps, de rejoindre Russell pour une opération qui lui paraît vaine. Mais après un voyage à Londres en compagnie de Simone de Beauvoir, il accepte de s'engager et d'occuper le poste de président du comité exécutif, rôle «qu'il prend très au sérieux». A noter qu'il engage Claude Lanzmann en qualité de suppléant.


Jean-Paul Sartre est né le 21 juin 1905 à Paris. Issu d'une famille de la bourgeoisie protestante libérale, il entre à l'Ecole normale supérieure dont il obtient une agrégation en philosophie. Il y rencontre Simone de Beauvoir. Après son service militaire, il est nommé au Lycée du Havre, en 1931, puis au Lycée Pasteur de Neuilly en 1937.

En 1938, il publie son roman philosophique La Nausée et, en 1939, un recueil de nouvelles Le Mur. Le 21 juin 1940, Jean-Paul Sartre est fait prisonnier et est transféré en Allemagne. Cette expérience le portera à revoir sa position d'individualiste. En 1941, Sartre est libéré et rentre à Paris où il crée le mouvement résistant «Socialisme et liberté» qui sera dissout vers la fin 1941. Avec la publication de L'Etre et le Néant, en 1943, il devient le représentant de l'existentialisme, doctrine philosophique portant sur la liberté et la responsabilité de l'homme dans son existence, et qui connaît un large succès.

Après la Libération, Sartre privilégie la production de pièces de théâtre, plus aptes selon lui à toucher un large public. Fondateur de la revue Les temps modernes, il se désolidarise du Parti communiste après à la répression hongroise de 1956 et se brouille avec Albert Camus.
De 1956 à 1962, Sartre mène un combat en faveur de la cause nationaliste des Algériens et s'engage pour l'indépendance de l'Algérie. Il prend part de manière active à la révolte de Mai 1968 et fonde le journal Libération.

Jean-Paul Sartre est élu Prix Nobel de Littérature en 1964 mais il refuse cet honneur. Il s'éteint le 15 avril 1980 à l'âge de 75 ans à l'hôpital Broussais (Paris).