Le délire extrême

La crise du régime entraîne la formation de groupes ultranationalistes.
  • Politique et Institutions
  • Vidéo 52 min.

9 novembre 1995

Temps présent

En plein coeur des années Eltsine, la perception de la déliquescence de la société russe et de la corruption du pouvoir post-communiste entraîne l'avènement d'une galaxie de mouvements ultra-nationalistes, voire fascisants.

La volonté de trouver des bouc-émissaires à une situation économique et morale en perdition favorise l'antisémitisme et l'anti-occidentalisme de la part de groupes où se mélangent des formations d'extrême-droite, d'ultra-orthodoxe, voire tsariste.

Un des intervenants à la fin de ce reportage de Temps présent fait preuve d'une remarquable clairvoyance en minimisant l'importance de ces groupuscules qui cachent le futur avènement d'un homme fort pour la Russie.

Actuellement, des mouvements néo-nazis sont toujours responsables d'une multitude d'agressions à connotation raciste et restent impunis, alors que l'Etat lui-même a engagé une politique extrêmement répressive à l'égard de citoyens russes comme les Caucasiens ainsi que le soulignait la journaliste Anna Politovskaïa.

Ce document a été diffusé à l'antenne sous le titre original : En attendant le fuhrer russe

En 1991, Boris Eltsine crée les institutions existantes de l'Etat russe. La même année, il lance la privatisation sauvage des biens nationaux et des terres. Celles-ci profitent à un petit groupe de personnes, qui, grâce à la corruption des fonctionnaires et même de l'entourage du président, arrivent à batir des fortunes colossales (Roman Abramovitch, Boris Berezovski, Mikhail Khodorkovski, Rem Viakhirev, PDG du groupe Gazprom). La privatisation débridée ne profite pas à l'économie russe. De 1991 à 1995, la Russie vit des années noires: inflation de 1000%, chômage exponentiel, fermeture des anciennes usines russes. Le secteur de la défense est délaissé. Des bases militaires stratégiques ferment, les armes disparaissent soudainement des entrepots pour être vendues. En même temps, la Russie doit gérer deux guerres tchetchènes, lancées par Djokhar Doudaïev, qui grâce à son agressivité contre la Russie, l'ennemi héréditaire des Tchetchènes, arrive à fédérer son peuple contre «l'occupant russe».

En 1995, la Russie commence à renouer avec la prospérité. Mais la domination des «oligarques» constitue un frein au dévéloppement du pays. Le déclin du secteur stratégique (armée, ressources naturelles) continue. En témoignent les contrats juteux signés par les majors internationales, américaines ou anglaises notamment (ex: Shell à Sakhaline). On vend aux Américains des actifs militaires russes. Ces dernières transactions finissent par éclater sous l'hostilité de l'opinion populaire.

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine «abdique» en un long discours diffusé sur NTV (chaîne de l'oligarque Goussinski) et ORT (chaîne de l'oligarque Berezovski). Il fait un mea culpa de sa gestion et s'efface au profit de son successeur Vladimir Poutine, un ancien du KGB inconnu de la politique, dont la rapide ascension est orchestrée par le clan Bérézovski.