Edith Naef

Edith Naef, élève d'Emile Jaques-Dalcroze, 101 ans, en 1999. [TSR]
  • Musique Classique
  • Vidéo 55 min.

13 janvier 1999

Zig zag café

C’est un petit bout de femme, alerte et joviale qui est l’invitée de Jean-Philippe Rapp  en 1999 dans cette édition de Zig Zag Café consacrée aux personnes nées autour de 1900. Très jeune, Edith Naef est élève d’Emile Jaques-Dalcroze. Elle lui rend ici un fidèle et bel hommage.

Née d’un père zurichois et d’une mère française, elle grandit à Genève et très tôt apprend à jouer du piano. Elle « tombe dans la rythmique » et y restera sa vie entière. Peut-être qu’une clé de sa longévité - elle s’éteindra à l’âge de 109 ans - est la pratique de la rythmique , « un échange entre le corps et l’esprit », un équilibre qui conduit à la plénitude.

A l’évocation du nom d'Emile Jaques-Dalcroze (1865 - 1950), aux oreilles et à la mémoire des Romands résonnent encore ses chansons poético-patriotiques ou ses comptines pour enfants. On se souvient aussi de sa méthode, La Rythmique, qui entraînait dès leur plus jeune âge les garçons et les filles dans une appréhension physique de la musique. Mais à regarder d’un peu plus près le parcours et la personnalité de Jaques-Dalcroze, on découvre un personnage atypique, moderniste et innovateur.

Dès 1911, son institut d'Hellerau, près de Dresde, attire la fine fleur de l'intelligentsia européenne: Diaghilev, George Bernard Shaw, Honegger, Claudel, Le Corbusier, Ansermet et bien d'autres. Son rêve allemand brisé par le Première Guerre mondiale, Jaques-Dalcroze crée en 1915 un nouvel Institut à Genève, et se partage désormais entre pédagogie musicale et composition. Si ce mélodiste de génie a fait entrer bon nombre de ses chansons dans le patrimoine choral helvétique, son oeuvre symphonique et de musique de chambre reste encore méconnue. On la redécouvre aujourd'hui avec étonnement: ne fut-il pas l'élève de Bruckner à Vienne et de Delibes et Fauré à Paris?