Louis Soutter

Interné à l'asile de Ballaigues, il dessine sans fin sur des cahiers d'écolier.
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11 mai 1966

Champ libre

En mai 1966, Champ libre consacre une émission à Louis Soutter dont l'oeuvre picturale n'a pas échappé à ses contemporains tels Ramuz, Le Corbusier ou Auberjonois. La société, elle, ne vit en lui qu'un être asocial qui connut la promiscuité angoissante de l'asile de vieillards à Ballaigues, dans le Jura Vaudois.

Son oeuvre profondément originale, repérée et préservée par Jean Dubuffet, n'est cependant pas assimilée à l'art brut dont le concept repose sur l'absence de références culturelles: Louis Soutter n'était pas dans cette situation, il était imprégné d'un grand savoir artistique.

Né à Morges le 4 juin 1871, Louis Soutter manifeste très jeune des dons évidents pour le dessin et la musique. Adolescent, il abandonne des études d'architecture pour le violon qu'il travaille à Bruxelles avec le maître Eugène Ysaye. En 1894, il reprend des études de dessin qui le conduisent dans l'atelier de Jean-Joseph Benjamin-Constant à Paris.

Fiancé à Madge Fursman, il quitta l'Europe à la fin de l'année 1896 pour les États-Unis où il enseigne avec réussite le dessin et la musique au Département des beaux-arts du Colorado College.

En 1902, Louis Soutter abandonne cette vie stable. Il tourne le dos à sa famille, à sa carrière, à l'assurance matérielle et revient en Suisse y vivre une existence de vagabond. Excentrique, dépressif, il est devenu asocial. En 1923, sa famille le place dans un asile de vieillards à Ballaigues, dans le Jura vaudois.

Son internement, associé à la rupture sociale et mentale qu'il vit, se marque avec force dans sa production artistique. Il brise la manière conventionnelle de peindre qui fut la sienne. Il nourrit alors une oeuvre intime sur des cahiers d'écolier. Malheureux dans cette promiscuité avec les aliénés, Louis Soutter se met à peintre et à dessiner à perdre haleine. La presque totalité de son oeuvre date de cette période. En 1961, le Musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne consacra une importante exposition de l'oeuvre du peintre qui comprend trois grandes étapes: 1923-1930, les dessins composés sur des cahiers d'écolier; 1930-1935, les illustrations de livres; de 1935 à 1942, la période des dessins «au doigts».

Il s'éteint dans sa chambre à Ballaigues, le 20 février 1942.