De 1848 à aujourd'hui, la Suisse a offert l'asile à des dizaines de milliers de réfugiés. Français, Juifs, Hongrois, Tibétains, Kurdes, Kosovars,... Syriens. Des persécutés du monde entier, de tous bords politiques et de toutes religions ont trouvé sécurité dans la neutralité politique helvétique. Comment ces demandeurs d'asile ont-ils été reçus par les Suisses? L'hospitalité fluctue entre la peur d'une surpopulation étrangère et l'élan de solidarité.
La Seconde Guerre
Si l'accueil des Juifs allemands durant la Deuxième guerre mondiale est ambigu - les persécutions liées au nazisme n'ayant été reconnues comme motifs d'asile qu'en 1944 - les réfugiés de guerre français sont les bienvenus en Romandie. La radio recueille le 11 juillet 1940 le témoignage de Raphaël Boschetti qui loue la générosité des Suisses.
Vive la Suisse, merci à tous.
Une minute de silence
En 1956 les Hongrois sont accueillis sans condition. Les autorités considèrent ces réfugiés comme des "combattants de la liberté" fuyant le régime communiste. Les citoyens suisses les honorent même d'une minute de silence nationale!
Plébiscite pour les Tibétains
Les Tibétains en exil arrivent en Suisse dès octobre 1961. Les autorités sont soucieuses d'installer ces montagnards dans un lieu qui ne les dépayse pas trop. Elles optent pour le canton d'Appenzell, tenu pour tolérant, solidaire et généreux. Les habitants de Waldstatt ne trahiront pas leur réputation aux urnes puisqu'ils tiendront à les accueillir comme des "habitants à part entière".
La peur...
Changement d'attitude en 1988 dans le petit village obwaldien de Melchtal qui se voit imposer l'arrivée de 500 requérants d'asile. Les crises pétrolières ont sonné le glas des Trente Glorieuses, l'asile devient un thème central de la politique fédérale suite aux premières initiatives xénophobes des années 70. Le chasseur Albert Von Rotz explique ici les craintes des villageois de Melchtal.
La peur se réveille en nous.
...ou la solidarité
Toujours à Obwald, les villageois se montrent en 1991 solidaires envers des réfugiés kurdes dont le droit d'asile a été refusé. Ils seront expulsés en Turquie où ils risquent leur vie. Les citoyens sont venus passer une dernière soirée en leur compagnie.
Entre rejet et humanité
A même époque et même canton, les réactions vis-à-vis des requérants peuvent parfois prendre des directions diamétralement opposées. A Fribourg par exemple, l'arrivée des réfugiés fuyant Daech et le régime syrien avive la colère ou la compassion.
Est-ce que la Singine est la poubelle du canton?
Les Singinois sonnent le tocsin pour s'opposer à la création du centre d'accueil de Chevrilles...
...quand l'ancien conseiller d'Etat Pascal Corminboeuf ouvre sa porte à une famille kurde.
C'est un cadeau.
Yann Emery pour les archives de la RTS.